Le CAUVA de Bordeaux : un centre d'aide aux victimes unique en France

Dossier Publié le 12.03.2014

Par LC. Le Professeur Gromb est médecin légiste. En 2000, elle crée le Centre d’Accueil en Urgence de Victimes d’Agression. Elle nous explique le chemin parcouru et le fonctionnement du CAUVA.

Comment est né le CAUVA ?

La médecine légale fait partie intégrante du système judiciaire. Elle rend ses analyses son rôle s’arrête là. Avec le CAUVA, le facteur humain devient important. Nous voulions traiter les victimes au plus près de l’événement traumatique, organiser une prise en charge sur le plan médical, social et psychologique. Après des mois de procédure, les ministères de la justice, de la défense, de la santé et de l’intérieur ont adhéré au projet. Le CAUVA est devenu un service public. Notre meilleur atout est que nous sommes au cœur de la procédure judiciaire. Nous avons donc une influence sur les autorités et pouvons aider au plus juste et au plus vite les victimes.

Plusieurs corps de métiers interviennent. Lesquels?

Nous avons des médecins légistes, des psychologues, des assistantes sociales, des infirmiers. Cette union permet une prise en charge pluridisciplinaire des victimes. Nous avons également la possibilité de prendre les dépôts de plainte directement au CAUVA.

Comment traitez-vous les victimes de l’inceste?

Dans le cadre du traitement de l’inceste, la problématique est complexe. Chaque collaborateur social, médical et psychologique, doit voir plusieurs fois la victime et son entourage. Il est délicat de rentrer dans l’intimité des familles et nous devons faire des recherches judiciaires et sociales approfondies, en particulier pour le traitement des enfants.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez?

Nous rencontrons un important problème de communication entre les différents partenaires sociaux. Cela peut prendre du temps pour démêler les informations que l’on nous communique. De plus, nous sommes spécialisés dans le traitement d’urgence. Nous avons un rôle de diagnostic et non de suivi. Lorsque la procédure est finie, nous devons orienter les victimes vers des associations pour un suivi psychologique.

Avez-vous quelques chiffres à nous communiquer ?

Les chiffres augmentent. Le CAUVA a reçu 3558 victimes d’agression en 2007. 55% d’entre elles étaient des femmes. En ce qui concerne les violences intrafamiliales chez les mineurs, nous avons traité plus de 700 victimes. 59% avait moins de 15 ans et 53% de sexe féminin. Pour 92% de ces victimes mineures, les violences étaient volontaires. Et 35% ont subi des agressions sexuelles.

Existe-t-il d’autres CAUVA?

Plusieurs CAUVA ont été créés en Allemagne, Belgique et Italie. Il n’y en a pas d’autres en France. Pire, depuis le 1 janvier 2008, les hôpitaux doivent élaborer une tarification à l’activité. Cela sous entend que nous devrions faire payer les victimes. Cela est impensable ! Pour l’instant, le CHU de Bordeaux, prend en charge les « pertes » du CAUVA, mais il va falloir se battre pour éviter une tarification de notre service aux victimes.


Informations

Centre d'Accueil en Urgence des Victimes d'Agression

Hôpital Pellegrin Place Amélie Raba Léon 33000 Bordeaux

Tél : 05 56 79 87 77

Prise en charge médico-légale, infirmière, sociale, psychologique et judiciaire selon les situations. Téléphoner et se mettre en lien avec un de nos professionnels avant d'adresser une victime